Extraits d'un article paru dans La Vie (août 2017) :
Les Kurdes sont 35 à
40 millions, divisés entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran, avec
quelques communautés disséminées dans l’ex-Union soviétique et une diaspora en
Occident.
Les divisions entre différentes
factions sont surtout politiques.
En Turquie et en Syrie, leur
communauté est en majorité sous l’influence du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK) et de ses organes politiques ou militaires.
En Syrie, le Parti de l’union
démocratique (PYD), lié au PKK, et sa branche armée, l’Unité de défense du
peuple (YPG), dominent, soutenus par les États-Unis dans la lutte contre Daech.
La guérilla marxiste, fondée à la fin des années 1970, prône un système
confédéral et l’égalité femme-homme.
Le Kurdistan d’Irak autonome a un
autre projet : tribal, conservateur et allié avec la Turquie. Ses
peshmergas sont soutenus par les pays occidentaux. De sa capitale, Erbil, le
président Massoud Barzani et son Parti démocratique du Kurdistan (PDK) règnent
sans partage sur cette entité riche en pétrole et en gaz. Fin septembre, le
Kurdistan irakien organisera un référendum pour devenir, ou non, un État
indépendant.
(…)
(…)
Entre les chrétiens de la
Djézireh et les Kurdes subsistent aussi de vieilles rancunes historiques
héritées de l’époque ottomane. En 1915, le génocide lancé contre les non-Turcs
par le gouvernement Jeune-Turc a bien sûr particulièrement touché les
Arméniens, mais également les communautés assyro-chaldéennes, massacrées et
déportées de leurs berceaux historiques situés dans le sud-est de l’actuelle
Turquie. Ce drame appelé « Seyfo » a vidé la région du Tur Abdin, les
villes de Mardin, Midyat et les villages jusqu’à Nusaybin et Silopi, situés juste
de l’autre côté de la frontière turco-syrienne. Or, en 1915, si les
commanditaires des massacres étaient turcs, les exécutants étaient des bandits
et des mercenaires kurdes. Les rescapés ont trouvé refuge en Syrie, qui n’a
jamais manqué d’instrumentaliser cette « protection ». « Les
chrétiens sont hantés par cette histoire de 1915, c’est ce qui les divise. Un
petit groupe pense qu’avec les Kurdes on peut construire une nouvelle société.
Mais la majorité pense que ces Kurdes sont les descendants de ceux qui ont massacré
leur famille et qu’on ne peut pas leur faire confiance, contrairement au
gouvernement de Damas, qui a toujours garanti la liberté religieuse »,
résume le père Elias, qui s’occupe de la paroisse de la Sainte-Vierge à
Nassira, un quartier de Hassaké que le régime de Damas ne contrôle plus.